Ma Provence.
Mais...Qu'ai-je découvert en toi, que m'as-tu livré?
Sans doute des atmosphères, des paysages, cette température élevée qui plane l'été dans la solitude de tes grandes étendues; un ensemble de choses qui réveille des souvenirs d'enfance enfuis depuis tant d'années au plus profond de moi.
J'aime cette solitude recherchée sur tes chemins qui m'emmènent, me transportent...où?...A Brantes, Bédoin, Rasteau, Tulette, Valréas, Vinsobres, Visan, Sault, Mazan, Monieux, Lacoste, Bonieux, Séguret...Ces villages dont certains s'accrochent, se cramponnent à la colline, à la montagne, au centre desquels souvent une place garnie de platanes offre un peu d'ombre à quelques petits vieux taillant la bavette assis sur un banc alors que d'autres s'adonnent aux lancers de boules.
C'est à l'heure de la sieste que l'écoulement de l'eau de la fontaine accompagne ce presque silence alors que tout semble dans l'attente de la fraîcheur du soir. Quelquefois, comme pour ajouter à l'atmosphère d'une ruelle désertée, quelques notes de musique taquineront le tympan du passant.
J'aime tes marchés imprégnés de parfums, forts ou légers, celui du fromage de chèvre ou du saucisson, de la tapenade ou des épices, de l'olive ou de l'essence de lavande...J'aime tes paysages qui se déroulent, se dévoilent devant moi entre Ventoux, Luberon et leurs soeurs Les Dentelles.
Dans la garrigue, au loin la chèvre bêle, mais où est-elle? Plus près les ailes de la cigale crissent dans le chêne vert, mais où est-elle? Devant moi le criquet bondit et l'abeille frôle mon oreille.
Et ce mistral qui nous apporte un peu de fraîcheur, couchant les hautes herbes rousses par vagues successives et qui déstabilise quelquefois. J'aime après la pluie d'orage l'odeur abandonnée par la terre fumante chauffée par trop de soleil. J'aime le parfum que dégage la lavande lorsque mes mains en froissent un brin et celle du thym lors de sa cueillette sur la coline. Mais comment résistent-ils ces petits escargots blancs suspendus en grappes aux brins d'herbes sous ce soleil de plomb?
Bien sur, que serais-tu sans le romantisme des rives de la Durance, de l'Eygue...Et puis il y a la vigne qui couronne le tout avec le Grenache, le Mourvèdre, le Syrah qui donnent à tes vins ce caractère...
Toi, ma Provence, tu es tout ce que m'inspire ce cabanon, silencieux, un peu abandonné mais empreint de la mémoire de ces milliers de vignes qui l'entourent sous ce ciel lumineux couleur de lavande.
Un peu de mon Afrique te hante...